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Ïîëü Âåðëåí

Paul Verlaine
1844-1896

Paul Verlaine

Sagesse


I



V


Beaute des femmes, leur faiblesse, et ces mains pales
Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal.
Et ces yeux, ou plus rien ne reste d'animal
Que juste assez pour dire : «assez» aux fureurs males

Et toujours, maternelle endormeuse des rales,
Meme quand elle ment, cette voix ! Matinal
Appel, ou chant bien doux a vepre, ou frais signal,
Ou beau sanglot qui va mourir au pli des chales...

Hommes durs ! Vie atroce et laide d'ici-bas !
Ah ! que, du moins, loin des baisers et des combats,
Quelque chose demeure un peu sur la montagne,

Quelque chose du coeur enfantin et subtil,
Bonte, respect ! Car qu'est-ce qui nous accompagne,
Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?



VII


Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre ame,
Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
Ferme les yeux, pauvre ame, et rentre sur-le-champ :
Une tentation des pires. Fuis l'infame.

Ils ont lui tout le jour en longs grelons de flamme,
Battant toute vendange aux collines, couchant
Toute moisson de la vallee, et ravageant
Le ciel tout bleu, le ciel, chanteur qui te reclame.

O palis, et va-t'en, lente et joignant les mains.
Si ces hiers allaient manger nos beaux demains ?
Si la vieille folie etait encore en route ?

Ces souvenirs, va-t-il falloir les retuer ?
Un assaut furieux, le supreme, sans doute !
O, va prier contre l'orage, va prier.



VIII


La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles
Est une oeuvre de choix qui veut beaucoup d'amour :
Rester gai quand le jour triste succede au jour,
Etre fort, et s'user en circonstances viles ;

N'entendre, n'ecouter aux bruits des grandes villes
Que l'appel, o mon Dieu, des cloches dans la tour,
Et faire un de ces bruits soi-meme, cela pour
L'accomplissement vil de taches pueriles ;

Dormir chez les pecheurs etant un penitent ;
N'aimer que le silence et conserver pourtant
Le temps si grand dans la patience si grande,

Le scrupule naif aux repentirs tetus,
Et tous ces soins autour de ces pauvres vertus !
—Fi, dit l'Ange Gardien, de l'orgueil qui marchande !




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